Démantèlement d’un réseau de blanchiment d’argent : quand la drogue et la pègre font ménage avec les casinos

R.J Cipriani, joueur professionnel de blackjack, est Robin Hood 702Connue pour brasser de très importantes sommes d’argent, l’industrie des casinos attire beaucoup de « petits » joueurs à la recherche du miracle qui va changer leur vie, mais aussi, assez souvent, des individus aux intentions beaucoup moins orthodoxes. Las Vegas, à ses heures de gloire avait d’ailleurs souvent été le terreau propice au développement d’activités illicites. Les faits dont il est question sont un peu plus récents, mais nous rappellent encore une fois que les casinos peuvent attirer de très dangereux individus, et que les enjeux autour d’une table de Blackjack sont parfois bien plus élevés qu’ils n’y paraissent.

Le Robin des Bois des casinos

En 2011, alors qu’il prend plaisir à écumer les casinos, R.J Cipriani, un joueur professionnel de Blackjack d’origine américaine, se voit faire une proposition quelque peu indécente. Ayant bâti sa réputation en ligne en reversant une partie de ses gains aux personnes dans le besoin, celui qui se fait appeler « Robin Hood 702 » (Robin des Bois en anglais, le 702 étant le code postal de Las Vegas) est sollicité par un homme du nom d’Owen Hanson qui propose de lui offrir une Bankroll de 2 500 000 $ à parier dans les casinos australiens. Cipriani y voit alors une occasion en or d’accomplir encore plus efficacement son « sacerdoce » et d’accroître sa cote de popularité. Malheureusement, la chance n’est pas du côté du preux chevalier qui, au terme de deux soirées « sans », a flambé la totalité du pactole aux tables du casino The Star de Sydney.

De l’argent « sale »

Mais ce que Cipriani semble ne pas savoir à ce moment-là, c’est que les 2,5 millions $ qui lui ont été confiés ne sont pas vraiment « propres » et que le jeune Owen Hanson est loin d’être le jeune homme d’affaires sans histoire pour lequel il se fait passer. Quelques jours après son infortune, le joueur de Blackjack reçoit des menaces de mort pas voilées du tout. Dans un montage photo, Hanson exige en effet le remboursement de son « investissement », rappelant que le joueur n’était pas autorisé à perdre plus de 600 000 $. Cipriani comprend  alors qu’il est embarqué dans une tentative de blanchiment d’argent et que sa vie est en danger.

Un réseau international démantelé

Logé au Four Seasons, Cipriani reçoit, quelques semaines après, un appel de Sean Carolan, ancien combattant de MMA et associé d’Owen Hanson. Celui-ci lui demande de le rejoindre dans la chambre 3026 du Hilton de Sydney. Sentant sa vie menacée, le joueur choisit de ne pas se rendre au rendez-vous, et contacte plutôt la police. Il informe les officiers qu’un homme armé attend dans ladite chambre d’hôtel et s’apprête à commettre un forfait. Les policiers qui interviennent ne découvrent pas d’arme sur Carolan, mais récupèrent, en lieu et place, une mallette contenant 702 000 $. C’est le point de départ d’une enquête d’envergure internationale pour trafic de drogue qui conduira à de nombreuses arrestations.

Owen ‘O-Dog’ Hanson, 34 ans et chef de cartel

L’homme dont Cipriani a croisé la route est loin d’être un enfant de cœur. Bien connu du FBI, ce jeune américain de 34 ans est en effet un important trafiquant de drogue qui aurait réussi à faire passer une quantité très importante de drogue sur le marché australien au cours des dernières années. A la tête de O-Dog Enterprises, il dirige un important réseau avec des ramifications dans plusieurs pays d’Amérique Latine. Resté intouchable jusqu’à cette histoire rocambolesque, le dealer a finalement été arrêté suite à cette affaire et est actuellement en détention aux Etats-Unis, dans l’attente de son procès prévu pour démarrer le 10 janvier prochain. Il devra y répondre des nombreuses charges qui pèsent contre lui : association de malfaiteurs, trafic de drogue, jeux illégaux et blanchiment d’argent.
Dans le cadre de cette affaire, 22 autres personnes, dont 4 australiens et un ancien champion de la NFL, ont également été arrêtées.

Sans le vouloir, Cipriani a ainsi déclenché une très vaste opération qui a permis le démantèlement de tout un réseau, sauvant sa peau par la même occasion. Le retour de la chance du joueur ?